Résumé : Et que celui qui a soif, vienne, titre inspiré du Nouveau Testament, est un vrai roman de pirates épique et haletant, baigné de sueur et de sang, bruissant des combats pour l’or, les femmes et l’honneur. C’est aussi un livre peuplé de fantômes, où les sensations et les êtres chers font irruption en plein milieu d’une scène de bataille sur le pont du Florissant, de l’Enterprize et du Batavia. Nous sommes au XVIIIe siècle, au temps de la première mondialisation. Qu’ils battent pavillon anglais, français ou néerlandais, les navires transportant les marchandises et les esclaves font route vers le Nouveau Monde. À leur bord se serrent marins, négriers, prostituées ou moine défroqué, bannis et marginaux de toutes sortes. En historien, Sylvain Pattieu s’est nourri de nombreux livres sur la piraterie au XVIIIe siècle et les traites négrières, de témoignages de l’époque comme celui d’un compagnon vitrier devenu marin. Au milieu d’une foule de personnages de cinéma, les femmes ont le beau rôle, le plus surprenant. Aventurières queer avant l’heure, travesties, bisexuelles, elles aiment où le vent les porte. Ainsi Manon, inspirée de la Manon Lescaut de l’abbé Prévost, femme du monde belle à se damner, embarquée de force vers les Amériques pour avoir détroussé un riche vieillard, va devenir pirate, partageant son cœur et son corps entre deux capitaines. L’un d’eux, Ka pour Karl ou Katharina, est une femme qui endosse (tous) les attributs masculins avant de régner sur un équipage sous sa véritable identité. Sylvain Pattieu a vu Pirates des Caraïbes et les Révoltés du Bounty et se souvient sûrement du féroce Capitaine Crochet de Peter Pan. Jouant avec les codes du roman d’aventures, il convoque le décorum de la piraterie : le pavillon à tête de mort, la jambe de bois et le perroquet vert. Oscillant entre hommage et distance, il livre une réflexion sur la liberté et l’égalité, ses thèmes de prédilection, qu’il écrive sur des lycéennes rebelles d’origine africaine (Des impatientes) ou sur le milieu de la pègre marseillaise dans l’entre-deux-guerres (le Bonheur pauvre rengaine). Roman populaire et généreux, Et que celui qui a soif, vienne trace une constellation de grandes figures de révolutionnaires, de combattants prêts à mourir pour leurs idées, comme Melvin et Jean McNair, devenus pirates de l’air pour défendre la cause des Noirs. Le voyage se termine sur une île forcément vierge, le lieu de l’utopie, le laboratoire d’un nouveau modèle politique, cette République qui verra le jour avec la Révolution française. Mais c’est une autre histoire.
Commentaires
ALAIN B. le Dimanche 2 avril 2017 Permalien
Un roman de pirates (c'est le