Résumé : De Sukkwan Island, nous sommes passés à Caribou Island. Un îlot désert au milieu d'un lac glaciaire, toujours en Alaska. Un endroit perdu aux allures préhistoriques , des ciels blancs infinis, une beauté sans pitié. La dernière frontière , comme dit un des personnages. Après avoir élevé leurs enfants sur les bords du lac, Gary et Irène ont décidé de s'installer sur cette île dans une cabane de rondins qu'ils construiront de leurs mains. Gary en rêve depuis toujours, Irène le suit pour ne pas le perdre, malgré l'hiver qui commence à montrer les dents. Après la relation père-fils, c'est ainsi le couple qu'interroge David Vann. Et plus précisément le mariage, cette autre forme de solitude . Le livre est sombre et coupant et juste, infiniment. Observateur aigu, d'une précision cruelle, Vann traque le moindre détail, passant avec la même aisance de l'intime à l'immensité éblouissante du paysage dans lequel évoluent les personnages. Car c'est aussi de cela qu'il s'agit. Du mythe de la nature primitive et salvatrice cher à ses compatriotes, qu'il s'emploie une fois encore à dynamiter. Déçu par la vie réelle, Gary vient chercher sur ce territoire vierge une sorte de rédemption, une manière de se mesurer au monde pour enfin se trouver. Mais la nature chez Vann ne se laisse pas faire, elle n'apporte aucun réconfort ni énergie. Elle est une force sauvage et aveugle, ni bonne ni mauvaise, sur laquelle Gary et Irène finiront par se briser. Il n'y a pas de page 113 dans Désolations. Mais il s'agit bel et bien d'une déflagration. Michel Abescat (Télérama septembre 2011)