Résumé : L'apocalypse. Non pas la fin du monde. Mais l'apocalypse façon sournoise, insidieuse, qui se niche dans le crâne d'un homme, le broie, le ronge, jusqu'à le révéler au grand jour, égocentrique, lâche, jusqu'à lui faire perdre la plus minuscule miette de raison. Cette apocalypse-là s'intitule Sukkwan Island, nom d'un îlot perdu au large de l'Alaska. Ce roman-là n'est pas une descente en enfer. C'est l'enfer. Sorti de l'imagination d'un jeune écrivain américain, David Vann, pour la première fois traduit en français. Un enfer tout à la fois insoutenable et captivant qui oblige à repenser la vie, à s'interroger sur les liens qui unissent - désunissent - un père et son fils. Dans cette histoire, qui a ses sources dans l'existence de l'auteur, le père se nomme Jim, le fils, Roy. Il a 13 ans. Jim - est-il faible ou romantique ? - ne connaît que des ratages, amours et boulots. Il se lance un défi : se refaire une virginité loin de la société de consommation, du mal-être, du mépris. Il entraîne avec lui son fils. Une année durant, ils seront en tête à tête sur Sukkwan Island, un bout du bout du monde où la nature est à nulle autre pareille, belle et sauvage à en mourir. Ils pêcheront, chasseront, arpenteront l'île en croyant découvrir l'absolu, joueront aux béatitudes chères à Henry David Thoreau. Doux rêve... Ils auront froid, maudiront la solitude, garderont en sourdine leur inaptitude à s'aimer, sentiront la haine se mettre à l'oeuvre, parviendront mal à se méfier des prédateurs - pas seulement des ours, mais surtout d'eux-mêmes. Le désarroi de l'homme l'emporte sur l'innocence du petit. Le plus costaud des deux, celui qui soutient l'autre, le protège, est, tout au long de ces pages, le gamin... Construit en un crescendo venimeux, le roman bascule page 113. Coup de tonnerre. L'apocalypse foudroie. Le fils fait preuve d'un courage... insoutenable. Un courage à meurtrir les lâches, surtout lorsqu'ils sont pères. Sukkwan Island, d'une noirceur maléfique, porte le trouble à l'incandescence. Magnifique. Martine Laval (Télérama janvier 2010)
Commentaires
PATRICIA R. le Lundi 21 août 2017 Permalien
Très beau roman très noir sur