Résumé : Il faut être costaud pour lire Jim Harrison. Avoir le foie bien accroché, les idées claires et supporter les heures d'attente dans l'eau qu'implique la pêche à la truite. Sexe, alcool, orgies, crimes et vanités, rien ne manque au tableau annoncé. Le titre du dernier-né, Péchés capitaux, résonne ainsi comme une mise en garde, qui – est-ce vraiment un paradoxe ? - ne saurait mieux nous mettre en appétit. Trois ans après Grand Maître, on retrouve donc l'inspecteur Sunderson, fraîchement retraité dans un cabanon du nord du Michigan. Dans ce trou perdu du fin fond des États-Unis, on pêche et l'on pèche. En boucle. Une truite, un cadavre mystérieux, une truite, un inceste, une truite… Embarqué dans un tourbillon de meurtres plus sordides les uns que les autres, orchestrés par la diabolique famille Ames qui fait régner la terreur dans la région depuis plusieurs générations, Sunderson, bedonnant et libidineux, se met à dresser le bilan : les grandes enquêtes de sa carrière, son rendez-vous manqué avec son ex-femme Diane, amour de sa vie, l'attirance incontrôlable pour sa nympho de voisine qui a le bon goût de faire du yoga en petite culotte le matin, son incorrigible penchant pour l'alcool… Faux roman policier , annonce d'emblée le titre du livre. Ceux qui ont aimé Marquette à Vera Cruz retrouveront l'étonnant mélange des genres cher à Harrison, qui permet de passer du polar sombre et graveleux à la finesse du roman psychologique. Derrière les Ames qui tombent comme des mouches et les colts dégainés à tout va, Harrison nous offre le portrait terriblement grinçant de l'Amérique profonde. Une Amérique sans foi ni loi, où pêcher la truite au bord de la rivière n'est pas toujours un passe-temps de tout repos…