Réparer les vivants
Compl. Titre  roman
Auteurs   Kerangal, Maylis de (Auteur)
Edition  Verticales : [Paris] , impr. 2013
Collation   1 vol. (280 p.)
Illustration   couv. ill. en coul.
Format   21 cm
indice Dewey   803
ISBN   978-2-07-014413-6
Prix   18,90 EUR
Langue d'édition   français
Catégories   Roman
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Réservation
SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Bibliothèque 1033292213413 R KERAdulte / LOUANNECDisponible
Résumé : Il est 5 h 50 au Havre quand le réveil de Simon sonne. Il a rendez-vous avec ses amis surfeurs; une vague phénoménale est annoncée sur la côte. À 5 h 50, le lendemain matin, à l'hôpital de la Pitié à Paris, son cœur se remet à battre dans la poitrine d'une femme de cinquante ans, Claire, atteinte de myocardite. Le roman tient dans ces vingt-quatre heures, le temps resserré des grandes tragédies. La scène d'ouverture, époustouflante, décrit le jour qui se lève sur la plage et les jeunes gens qui entrent dans l'eau, le cœur battant de terreur et de désir, puis se dressent, minuscules, sur l'onde venue de l'océan, archaïque et parfaite. À 9 h 20, le Samu arrive sur les lieux de l'accident. Entre deux chapitres centrés sur le drame, la romancière laisse le lecteur reprendre son souffle et présente le chœur de personnages qui va entourer Simon ce jour-là. Avant que la mère du garçon n'arrive à l'hôpital, elle campe le portrait en situation du médecin de garde. Puis celui de l'infirmière, Cordélia, vingt-cinq ans, qui relève d'une nuit blanche et qui, toute la journée, aura le cœur rivé à son téléphone: va-t-il rappeler ou non, son insaisissable amant? Voilà à quoi Cordélia pense en changeant la perfusion de Simon, tandis que Marianne, la mère du jeune homme, entre dans la chambre où repose son fils dont on a tenté de lui faire comprendre qu'il était mort sans encore prononcer le mot. Il est mort, et pourtant, bouleversant alexandrin, sa peau est chaude encore et c'est bien son odeur. Oui, selon les critères légaux, ceux de l'électroencéphalogramme, Simon est mort, mais son cœur, aidé par la machine, bat. Depuis 1959, ce n'est plus l'arrêt du cœur qui signe le décès, révolution philosophique inouïe, note Maylis de Kerangal. Fin de l'acte I, début de l'acte II: l'action s'accélère. La procédure réglementaire s'enclenche. Entre en scène l'infirmier coordinateur des prélèvements d'organe, qui doit demander aux parents sidérés de douleur s'ils acceptent qu'on enlève au corps de Simon son cœur, son foie, ses reins, ses poumons, sa cornée. L'écriture de Maylis de Kerangal est rapide, ultraprécise, concentrée sur l'exactitude des faits, des sentiments, comme si elle voulait ne pas laisser l'émotion déborder et brouiller son jugement. N'empêche, à ce moment-là, à l'instant de décider si l'on va profaner un corps vivant, une sorte d'effroi sacré s'empare du texte. Maylis de Kerangal, en bonne romancière, se garde de donner des réponses aux questions capitales que pose le prélèvement d'organe; mais elle les soulève avec une acuité terrible. Une évidence s'impose à la lecture: l'homme n'est pas un pur esprit, le corps, c'est aussi de l'âme. Branle-bas de combat Acte III: branle-bas de combat. À Strasbourg, Rouen, Lyon, Paris, huit chirurgiens sautent dans un avion, direction Le Havre pour recueillir les organes de Simon. Le récit prend dès lors une ampleur mythologique. La scène qui se déroule ensuite au bloc opératoire a l'étrange beauté d'une liturgie sacrificielle. Elle s'achèvera tard dans la nuit, quand l'heure sera venue de restaurer le corps, de le consoler, par un chant puissant comme une action de grâce. En attendant, les médecins se relaient pour disséquer le corps de Simon. Puis, juste avant qu'on n'arrête son cœur, l'infirmier coordinateur s'approche de son oreille, lui murmure un message de la part de ses parents. Et pourtant, songe Cordélia, il était déjà mort, n'est-ce pas? Astrid de Larminat (Le Figaro - janvier 2014)